Le cimetière de Baillestavy / Pyrénées Orientales / France


Au détour d'une randonnée dans les Pyrénées-Orientales au printemps 2012, j'avais pu visiter le cimetière ancien de Baillestavy, niché dans la montagne.

 

Autour de la vieille église Saint-André, on retrouve essentiellement des tombes avec des croix décorées en fer forgé et fonte de fer moulée. Des plaques émaillées en forme de cœur les rehaussent et portent les informations des défunts.
Ces croix étaient très en vogue au XIXe et début XXe siècle et fabriquées de manière industrielle. Elles étaient vendues sur catalogue et décorées de motifs récurrents largement diffusés (Christ, Vierge Marie, Anges, et motifs floraux ou végétaux).
On retrouve ainsi des modèles similaires dans de nombreux cimetières français.
À l'étranger, j'en ai juste trouvé une au Kensal Green Cemetery à Londres.
 

L'église, elle, date du XIe siècle, et fut abandonnée lors de la construction d'une nouvelle église dans le village au XVIIe siècle.
Elle tomba petit à petit en ruine, jusqu'à sa restauration en 2009 grâce au travail de l'association "Memoria de Sant Andreu de Vallestavia".


Avant la construction de l'église, le site était utilisé pour le travail du fer. Elle est d'ailleurs bâtie sur un ferrier: un amoncellement de déchets issus de cette activité. Il ne me paraît donc pas très étonnant de retrouver en abondance des tombes dans ce matériau qui était une des ressources de la région.


La plupart des sépultures datent de la première moitié du XXe siècle et offrent un ensemble cohérent assez charmant avec la vue sur la montagne et la nature très présente.



L'ange, Highgate Cemetery de Londres

 

 L'Ange, Highgate Cemetery de Londres

 Les anges de pierre sont légion au cimetiere de Highgate, l'un des Magnificent Seven de Londres.

Le cimetière d'Auvers-sur-Oise / Ile-de-France



Le cimetière d'Auvers-sur-Oise est un classique cimetière français comme on en retrouve beaucoup. Son existence est pourtant mis en lumière par la présence d'un défunt célèbre: Vincent Van Gogh qui y repose auprès de son frère Théo

 D'autres artistes, certes moins connus, y reposent également. 

Comme dans beaucoup de villes au 19e siècle, le cimetière paroissial, compagnon indispensable de l'église, doit s'éloigner des habitations par manque de place, mais aussi par souci d'hygiène. 

C'est le cas à Auvers-sur-Oise où les lieux sont déplacés au nord du village en 1858 avec un transfert des tombes anciennes en 1875. 

L'église, ainsi délaissée par les morts, sera peinte par Van Gogh pour l'anecdote.

 

Le peintre Vincent Van Gogh a vécu ses derniers jours à Auvers-sur-Oise, du 20 mai au 29 juillet 1890.  Le choix de ce petit village du Vexin ne tient pas du hasard. Plusieurs peintres impressionnistes et de l'école de Barbizon étaient déjà venus ici pour trouver l'inspiration.

 
La santé mentale de Vincent a toujours été très fragile comme en témoigne ses différents séjours en asiles ou l'épisode de la fameuse oreille découpée à la lame de rasoir qui ne font que l'isoler des autres chaque jour un peu plus.
Son état est très préoccupant et son frère Théo cherche des solutions pour lui venir en aide. C'est ainsi qu'il rencontre le docteur Paul Gachet qui vit à Auvers-sur-Oise. Il lui confiera son frère après sa sortie de l'asile d'aliénés Saint-Paul-de-Mausole de Saint-Rémy-de-Provence.
Le docteur Gachet connaît bien le petit monde des artistes, ami de Cézanne il peint lui-même et côtoies les impressionnistes.
Vincent s'installe dans la petite chambre portant le numéro 5 dans l’auberge Ravoux du village.
Ce sera une période particulièrement prolifique pour le peintre de 37 ans qui réalisera 78 toiles dont un portrait du docteur Gachet.

Malgré l'attention du médecin, Vincent finira par se tirer une balle dans la poitrine le dimanche 27 juillet 1890. Il venait de terminer son ultime toile "Racines d'arbres" dans un champ sur la rue d'Aubigny.
Grièvement blessé, il se traîne jusqu'à sa chambre. L'aubergiste l'entend et part chercher le docteur Gachet qui ne peut pas faire grand-chose à part un bandage. Théo, resté à Paris, est rapidement prévenu et veillera son frère jusqu'à son dernier souffle deux jours plus tard.

Il est enterré dans le cimetière du village.

Théo meurt le 25 janvier 1891 des suites d'une syphilis. Sa femme, Johanna Bonger rapatriera sa dépouille en 1914 pour qu'il puisse reposer aux côtés de son frère. Ils ont tous les deux des stèles identiques, très sobres. Du lierre, symbole de fidélité, lie les deux tombes pour toujours sous un coussin verdoyant et persistant. La bouture originelle vient du jardin du Docteur Gachet.
Leurs tombes sont très visitées par des touristes du monde entier et il n'est pas rare de voir apparaître des tournesols en guise d'hommage.

Mais reparlons un peu de Johanna qui a eu un rôle important dans la reconnaissance posthume de Vincent après avoir hérités de la collection de tableaux de Théo. C'est elle qui à force de patience, d'organisations d'expositions (qu'elle finance souvent sur ses deniers) et de mise en avant astucieuse le fera connaître mondialement. C'est elle aussi qui mettra en ordre leurs prolifiques correspondances.
Sa famille finira par vendre à l'état en 1962 son importante collection qu'elle avait préservée avec soin et qui constitue l'essentiel du fond du Musée Van Gogh à Amsterdam.
Elle repose au cimetière de Zorgvlied à Amsterdam.

 

On retrouve de nombreuses couronnes de fleurs dites "Barbotine" qui sont très présentes dans les cimetières français. 

Il s'agit de décors floraux réalistes en relief en faïence peinte. Elles apportent douceur et couleur et on l'avantage de ne pas faner comme les vraies fleurs. Elles finissent, malgré leur grande résistance, par s'abîmer avec le temps, mais ici, elles sont relativement en bon état.

Cette technique a été inventée au milieu du 20e siècle et a été en vogue jusqu'au début du siècle dernier même si on peut encore en trouver aujourd'hui.

 

Quelques beaux portraits de défunts.