Cimetière de Loyasse / Lyon / France



Le cimetière de Loyasse à Lyon se situe sur les hauteurs de la ville, sur la colline de Fourvière.

Un peu d'histoire : à la fin du 18eme siècle, Lyon, tout comme Paris ou d'autres villes, voient les cimetières jouxtant leurs églises déborder. Rappelez-vous l’anecdote du cimetière des Innocents à Paris, dont les habitants osseux se rependirent dans la cave d'un restaurateur.
Il est donc décidé de créer de nouveaux cimetières en dehors des villes dans un soucis de salubrité public.
A Lyon on en ouvrira trois, celui de la Crois-Rousse en 1823, de la Guillotière en 1822 et de Loyasse en 1807. Les premières inhumations commencèrent en 1808.

Malheureusement le choix du lieu de Fourvière ne s'avéra pas forcement très pertinent car soumis aux intempéries et au vent. On l'appela d'ailleurs au début « Le Cimetière des 4 vents ».
Son sol, instable, occasionnera quelques effondrements.
Sa vue est certes spectaculaire mais pour y accéder à l'époque c'est un véritable calvaire avec ses escaliers abruptes ou ses longs détours.
Les choses s’arrangèrent au début du 20eme siècle avec l'arrivée du funiculaire.

Toujours est-il qu'il fut agrandi de nombreuses fois, il y a aujourd'hui le vieux et le nouveau cimetière de Loyasse séparé par la rue Cardinal Gerlier, et qu'il connut un vif succès auprès de la bourgeoisie et des grandes familles lyonnaises.
L'ensemble comporte donc des sépultures cossues d'une très grande richesse de style qui reflètent les différentes modes funéraires : sarcophage, gisant, pyramide, effigie, buste, mausolée, de style art-déco, néo-classique, néo-gothique etc...

Aujourd'hui il est encore en service, ce qui fait de lui le plus vieux cimetière opérationnel de Lyon.

J'ai beaucoup aimé la lumière et la vue du lieu. La plupart des tombes sont blanches ce qui accentue cet effet lumineux.
Plusieurs sépultures et espaces sont assez énigmatiques comme le carré des prêtres avec ses pierres tombales qui ressemble à des tuiles.

Au 19eme siècle certains des symboles utilisés dans les cimetières vont changer pour laisser place à un message différent destiné aux vivants.
Pendant des siècles ils étaient là pour rappeler l'état mortel de tout un chacun avec des Memento Mori parfois saisissant.
Sous l’ère victorienne les cimetières seront aussi le symbole de l'amour au-delà de la mort et la tombe le reflet de l'affection que portait des proches à un défunt.
C'est ainsi que l'on voit apparaitre des tombeaux majestueux avec des statues spectaculaires, des chapelles richement décorés et des symboliques variées.

Les mains jointes font parties de ce nouveau langage parlant du lien entre les vivants et les morts.
Elles représentent souvent l'alliance d'un couple (reconnaissable par le type de poignet de vêtement, dentelle pour les femmes et bouton de manchette pour les hommes), mais aussi des amis, des fratries ou tout lien familial fort.
La main du dessus désigne en général le défunt et donc celui qui attend l'autre dans l’au-delà.
Parfois les poignets sont remplacés par des nuages qui symbolisent les cieux et le paradis.
Cela peut aussi être des feuilles d'acanthe, symbolisant les épreuves de la vie surmontées.
 

Tombe de la famille Monnier dans un style Neo-Antique avec son temple à colonnes.

Le monument d'Alphonse Duvergier, constructeur des bateaux-mouches.

L'homme représente le travail dans toute sa force et sa puissance, tandis que la femme est une allégorie de l'Industrie veillant un bateau-mouche.

 

Tombe d'André-Marius Guilleminet.

Cette statue représente la nostalgie.

La tombe la plus haute du cimetière (9 mètres) est celle de la famille Pléney.

Cet obélisque est décoré de larves, de flambeaux renversés et d'une pleureuse à son sommet.

Les larves sont des masques funéraires représentant l'esprit des morts. On les retrouvent sur certains monuments funéraires.
Ils sont intégrés à des acrotères ( élément décoratif saillant placé sur les angles d'un fronton ou d'un socle).

Dans la Rome antique les larves étaient des âmes malfaisantes qui venaient tourmenter la vie des vivants.
Ils étaient à l'opposé des lares, les âmes des bonnes personnes ou esprits des ancêtres censées protéger les familles.
A Lyon on a retrouvé de nombreuses masques funéraires les représentant et datant de l'antiquité.
Ils ont probablement influencé les monuments funéraires du 19eme siècle du cimetière de Loyasse dans le style Néo-Antique de l'époque. On les retrouve également dans de nombreux cimetières européens. Elles seraient par contre plus liés aux masques de théâtres exprimant la tristesse qu'aux fantômes grimaçants.

Tombe des époux Brès-Champvillard.

Cette statue représente Jeanne, la veuve de Jean-François Brès, la tête posée sur l'épaule de celui-ci. Son attitude figé le représente dans la mort, désormais insensible au vicissitude de la vie.

 

Le Carré des prêtres, tout en sobriété et uniformité.

   

La chapelle de la famille Ausias

 Elle est encadrée par deux cariatides.

 

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